* À noter que certaines informations sont volontairement non divulguées dans cet article par souci de confidentialité. Ce texte a été écrit en collaboration avec l’entreprise impliquée dans le projet de recherche : Innovation Adaptiva.
Si l’effet bois de grange ou encore l’effet de bois brûlé vous interpelle pour vos projets de décoration, sachez qu’il existe une solution écologique, sans délai et sans risque pour y arriver. Plus besoin d’attendre des années que mère nature grisonne le bois ou encore de risquer de mettre le feu à votre maison pour donner un effet de bois brûlé. L’alternative proposée vient de l’entreprise Innovation Adaptiva qui commercialise déjà le produit Bois de Grange Instantané (BGI)® permettant de grisonner le bois instantanément. Récemment, l’entreprise a approché Innofibre pour initier un projet collaboratif visant l’optimisation du produit BGI. L’objectif est de développer une formulation 100 % québécoise en utilisant les produits résiduels du Québec plutôt que de s’approvisionner d’ingrédients provenant de l’étranger.
Effet de coloration du produit Bois de Grange Instantané (BGI)®. Photo: http://bgrange.com
Une formulation sans solvant, respectueuse de l’environnement
Le processus de grisonnement ou noircissement du bois proposé par l’entreprise se fait par une modification de la cellulose grâce à l’ajout de complexes chimiques à la surface du bois. Soyez sans crainte, il ne s’agit pas d’une peinture ou d’une teinture faite à base de solvant! Il s’agit plutôt d’appliquer une solution à base d’eau qui contient les ingrédients actifs capables de se lier à la cellulose.
Échantillons produits lors du projet de recherche. Coloration obtenue par l’application d’extraits de différentes essences d’arbres en comparaison avec le matériau de bois vierge (à gauche). Chaque photo représente un matériau de bois différent.
Les résidus de bois franc : l’ingrédient clé
Le projet a débuté à l’automne 2021 et a permis de mettre le doigt sur l’un des composés responsables de cette réaction chimique. L’équipe d’Innofibre est allée à la recherche de biomasses disponibles qui semblaient contenir cette molécule clé, en se basant sur les données de la littérature scientifique. Après avoir testé plusieurs biomasses, les extraits de résidus de chêne rouge et d’érable à sucre ont révélé une capacité remarquable pour grisonner ou noircir le bois instantanément. Les travaux ont permis de démontrer que certains feuillus, à l’inverse des résineux, produisaient naturellement et en grande quantité, la molécule recherchée. Quoique moins nombreuses que celles de bois résineux, les scieries de bois franc québécoises peuvent fournir la matière résiduelle permettant de produire l’ingrédient actif, et ainsi, un produit biosourcé entièrement québécois pourra être créé.
Extraits de différentes essences de feuillus obtenus par extraction subcritique à l’éthanol.
Coloration par l’application de l’extrait de chêne rouge à différentes concentrations sur du bardeau de cèdre. Cèdre sans application (gauche), le cèdre avec application à faible concentration donne un effet de bois de grange (milieu), le cèdre avec forte concentration donne un effet de bois carbonisé.
Des équipements indispensables chez Innofibre
Les différentes méthodes d’extraction réalisées chez Innofibre ont permis de démontrer que l’extraction pressurisée à l’eau était une méthode adéquate pour obtenir un rendement intéressant.
Bien que l’équipe ait eu beaucoup de plaisir à colorer des pièces de bois pour étudier qualitativement la coloration, le protocole de recherche impliquait aussi des mesures quantitatives de la coloration. Les échantillons de bois colorés ont été analysés à l’aide d’un spectrophotomètre (Color Touch) afin de quantifier le niveau de blancheur du bois et l’espace chromatique du bois (rouge/vert et jaune/bleu). De plus, des mesures de la concentration du composé d’intérêt dans les extraits ont été réalisées à l’aide d’un appareil de chromatographie liquide couplé à un détecteur à barrette de diode (DAD). Ces appareils analytiques ont permis d’établir une corrélation entre la concentration du composé et la diminution de la blancheur ainsi que les couleurs chaudes du bois.
Gauche : Appareil de chromatographie liquide couplé à un détecteur à barrette de diode (DAD). Droite : Appareil spectrophotomètre (Color Touch)
La recherche et le développement accessible aux PME
Plusieurs imaginent souvent que la R&D est coûteuse et inaccessible pour les PME et que les centres de recherches travaillent essentiellement avec les grandes entreprises. Le projet réalisé avec l’entreprise Innovation Adaptiva est l’exemple parfait qu’un projet de R&D est pleinement réalisable par une jeune entreprise. Avec seulement quelques employés, les entrepreneurs ont fait le choix d’investir dans un projet d’innovation afin d’offrir un produit écologique et québécois qui se distingue. Le tissu économique du Québec étant constitué majoritairement de PME, il est capital que celles-ci puissent avoir accès à une expertise de pointe et être accompagnées pour atteindre leurs différents objectifs. Innofibre et tous les centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT) du réseau Synchronex ont à cœur de contribuer au développement des entreprises d’ici en les aidant à innover, à être plus efficaces et plus compétitives.
Vous avez des besoins en R&D, Innofibre bénéficie d’un important réseau de partenaires qui peuvent soutenir financièrement vos projets. Parlez-nous de vos projets et il nous fera plaisir de vous diriger vers les aides admissibles, que ce soit pour une aide financière non remboursable ou un crédit d’impôt.
Exemple de bâtiment extérieur traité par le produit développé dans le cadre du projet de recherche. Photo: www.bgrange.com
La mission d'Innofibre
« Contribuer au positionnement technologique et au développement durable de l’industrie papetière et du bioraffinage au Québec, en soutenant l’innovation et la diversification des produits issus de la biomasse et en adaptant les technologies papetières. »
Annabelle St-Pierre
Chercheuse,
Innofibre