Un emballage, des questions!

Une multitude de types d'emballages transitent par les centres de tri. Certains d'entre eux ne pourront pas être valorisés et finiront dans un site d'enfouissement. Photo : Jasmin Sessier, unsplash.com

Innofibre
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Qu’est-ce qu’un emballage écoresponsable? Voilà une vaste question.

Afin de s’y retrouver, comme chercheur, entrepreneur ou consommateur, il devient nécessaire de développer son esprit critique, de se questionner et d’analyser les différents avantages et inconvénients des différentes technologies et produits sur le marché.

Ce n’est pas simple de s’y retrouver face à cet océan d’emballages en tout genre, et plusieurs facteurs contribuent à créer cette confusion. Parmi les plus importants, on note la difficulté à naviguer dans les différentes réglementations sur les emballages, la disparité entre les sites de gestion des matières résiduelles selon leur capacité de gestion des différentes matières, ainsi que les efforts de marketing des entreprises qui peuvent induire certains raccourcis ou associer des vertus écologiques qui ne se concrétiseront pas toujours.

Prenons le terme « produit biosourcé ». Est-il forcément synonyme de « bon » pour l’environnement? Pas nécessairement! Même si les produits biosourcés permettent de remplacer une partie des produits à base de ressources fossiles, il faut d’abord analyser l’ensemble du cycle de vie du produit avant de conclure. Par exemple, certains plastiques biosourcés sont compostables seulement dans des infrastructures adaptées (pas dans un composteur domestique), alors que d’autres ne pourront être compostés, mais ils pourront être recyclés. De plus, certains bioplastiques se biodégradent, mais ce processus de bio fragmentation génèrera des microplastiques invisibles à l’œil nu, et tout aussi nocifs pour l’environnement.

D’un point de vue environnemental, les emballages cellulosiques peuvent paraitre attrayants. Il faut toutefois demeurer critique et se poser quelques questions importantes : Dans quel pays l’emballage a-t-il été produit? Est-ce que ce pays respecte des normes environnementales strictes? Est-ce que des produits chimiques ont été ajoutés pour obtenir certaines propriétés? Est-ce que les sources de fibres cellulosiques ont été gérées de façon durable?

Des questions clés à se poser pour développer ou choisir un emballage écoresponsable

Avant de choisir un emballage, il importe de se poser quelques questions qui permettront de bien identifier la solution. La première devrait toujours être : Ai-je vraiment besoin d’un emballage pour mon produit? Si oui, est-ce que mon emballage peut être réutilisable ou consignable? Dans la négative, il est important de déterminer les caractéristiques nécessaires pour cet emballage. Par exemple, doit-il être résistant aux chocs ou avoir des propriétés barrières aux graisses?

Une fois cela établi, il sera possible de réfléchir aux différentes étapes pour faire un emballage écologique:

1.  Choisir la matière première : Préconiser des matières premières renouvelables, telles que les fibres végétales (le bois, le coton, les résidus agricoles, etc.).

2.  Penser à la fin de vie du produit : Utiliser des matières qui peuvent être facilement réutilisées ou recyclées. Si ce n’est pas possible, prioriser des matériaux compostables. Attention, il est important de privilégier un matériau qui peut se composter dans un composteur domestique plutôt qu’un composteur industriel, car plusieurs municipalités ne sont pas encore équipées pour les traiter. Ces matériaux, par exemple les bioplastiques de type PLA, finiront souvent à l’enfouissement et auront un plus gros impact écologique malgré leurs propriétés compostables initiales. De plus, comme plusieurs infrastructures de tri ne sont pas capables de les isoler, ils pourront contaminer d’autres matières valorisables. De plus en plus de règlements municipaux prennent le pas sur la réglementation fédérale et imposent des mesures strictes en matière d’emballage. Les manufacturiers devraient s’assurer de la conformité de leurs produits et que ceux-ci pourront être traités convenablement par les systèmes de collecte.

3.  Bannir l’utilisation de produits chimiques nocifs : Pour obtenir des propriétés souhaitées, certains additifs sont parfois nécessaires. Il est impératif de choisir des additifs qui ne sont pas nocifs pour l’environnement ou qui pourraient migrer dans les aliments et causer des problèmes de santé, par exemple les perturbateurs endocriniens.

4.  Optimiser la conception de l'emballage : Privilégier une conception minimaliste de l’emballage. Ce sera souvent la meilleure solution et la moins couteuse. Par exemple, réduire la quantité d’encre ou l’utilisation des multimatériaux favorisera le recyclage du produit, tout en minimisant son impact environnemental.

Les contenants multicouches sont composés de plusieurs matériaux rendant plus complexe leur valorisation.

Des organismes sont spécialisés dans ce domaine et peuvent accompagner les entreprises dans le développement de leur emballage. Innofibre collabore en ce sens avec Éco Entreprises Québec (EEQ), lors de travaux réalisés dans le cadre de sa Chaire de recherche industrielle dans les collèges du CRSNG en écoconception pour une économie circulaire des matériaux d’emballage en pâte cellulosique thermoformée.

Comment savoir quel impact environnemental aura mon emballage?

Il existe différentes méthodes pour quantifier l'impact environnemental des emballages et certains organismes comme le Centre international de référence sur l’analyse du cycle de vie et la transition durable (CIRAIG), peuvent apporter des réponses. Les outils les plus couramment utilisées comprennent :

1.  L'analyse de cycle de vie (ACV) : C’est une méthode qui évalue les impacts potentiels environnementaux, d'un produit ou d'un service sur tout son cycle de vie, depuis l'extraction des matières premières jusqu'à l'élimination des déchets. L'ACV tient compte des émissions de gaz à effet de serre, de la consommation d'eau et d'énergie, des émissions de polluants atmosphériques et des impacts sur la biodiversité.

2.  L'analyse des impacts environnementaux (AIE) : Il s'agit d'une méthode qui évalue les impacts environnementaux d'un produit ou d'un service sur un ensemble de critères tels que les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d'eau, la consommation d'énergie, les émissions de polluants atmosphériques et les impacts sur la biodiversité.

3.  L'analyse de la durabilité environnementale : Il s'agit d'une méthode qui évalue la durabilité environnementale d'un produit ou d'un service sur un ensemble de critères tels que l'utilisation des ressources naturelles, la gestion des déchets et les émissions de polluants.

4.  L'analyse des risques liés aux produits chimiques : Il s'agit d'une méthode qui évalue les risques pour la santé humaine et l'environnement liés à la présence de produits chimiques dans un produit ou un service.

Il est important de noter que chacune de ces méthodes d’évaluation comporte ses limites et qu'il est souvent préférable d'utiliser plusieurs méthodes pour obtenir une vue d'ensemble des impacts environnementaux d'un emballage. Les résultats seront en partie liés au cadre qui définit les limites de l’analyse, ce qui, dans certains cas, peut venir fausser le jugement sur le produit. Donc, lorsque l’on voit les résultats d’une de ces analyses, la première question à se poser est « qu'elles en étaient les limites ? », ou encore « est-ce que cette analyse concerne bien l’ensemble des étapes depuis l’extraction, jusqu’au traitement en fin de vie? ».

En plus des outils cités dans ce texte, il existe des pistes de solutions pour favoriser l’émergence d’alternatives écologiques en matière d’emballages cellulosiques à usage unique. Notons l’importance de développer davantage d’entreprises locales pouvant produire ce type d’emballages et de s’assurer d’une gestion durable des sources d’approvisionnement de fibres cellulosiques. Ensuite, il faudra développer des infrastructures de recyclage plus performantes, combinées à une réglementation plus stricte vis-à-vis des matériaux d’emballage mis sur le marché. Enfin, il faut continuellement informer la population pour aider les citoyens à faire de meilleurs choix pour l’environnement.


La mission d'Innofibre
« Contribuer au positionnement technologique et au développement durable de l’industrie papetière et du bioraffinage au Québec, en soutenant l’innovation et la diversification des produits issus de la biomasse et en adaptant les technologies papetières. »


Benoit Bideau
Chercheur chez
Innofibre