L’impact des grèves ouvrières sur l’industrie des pâtes et papiers en Finlande

(Archives LMP)

Jaclin Ouellet
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Le 11 mars dernier, les syndicats ouvriers finlandais ont déclenché une grève de deux semaines qui aura des impacts significatifs sur les exportations et importations du pays, particulièrement pour les transports par fret et ferroviaire.

Avec une portion considérable  d’industries qui dépendent du transport sur rails pour faire circuler leurs matières brutes, produits intermédiaires et produits finis, les effets des grèves auront un impact rapide.

Le contexte

Ce dernier développement s’inscrit dans le cadre d’une série de mesures qui ont commencé en octobre 2023, et ce en réponse aux réformes gouvernementales sur la main-d’œuvre et aux coupures dans les programmes de bénéfices sociaux des travailleurs.

La Confédération des industries finlandaises (EK) estime que les récents débrayages pourraient infliger des pertes substantielles de l’ordre de 320 millions d’euros (350 millions$ US) au produit intérieur brut (PIB) du pays. Malgré cela, les syndicats ne dérogent pas de leur position. Ils s’engagent à mener « un long combat » et menacent même d’étendre leur mouvement de grève si le gouvernement ne revient pas sur sa décision. SAK, l’organisation centrale des syndicats ouvriers finlandais, rapporte que le mouvement de grève actuel aura de possibles répercussions sur les usines de diverses industries et les terminaux de distribution.

Les effets sur les pâtes et papiers

Joueur clé dans l’économie du pays, l’industrie papetière finlandaise est vulnérable face au présent mouvement de grève. Chez Stora Enso, par exemple, les grèves pourraient causer des délais de livraison étant donné l’impact dans les ports et sur le transport ferroviaire. « La grève, dans certains cas, nous obligera à réduire la production ou fermer temporairement certaines lignes de production ou des usines entières, » expliquait récemment un porte-parole de l’entreprise.

Entre-temps, UPM et Metsä Group doivent cesser les opérations à cause de la grève. UPM cesse actuellement les opérations à quatre de ses usines, soit Kouvola, Rauma, Jämsänkoski ainsi que l’usine de pâte Kaukas à Lappeenranta.

Dans l’immédiat, il est certain que l’usine de pâte Metsä Fibre Joutseno, filiale de Metsä Group à Lappeenranta, devra interrompre la production. Le PDG et chef de la direction de la compagnie, Ilkka Hämälä, a déclaré que des usines fermeront puisque le transport de matières premières est interrompu. « Ces grèves auront un impact significatif sur les résultats financiers de Metsä Group. Il est encore trop tôt pour savoir combien des 21 sites finlandais de la compagnie seront affectés. » M. Hämälä croit que les perturbations sur la chaîne d’approvisionnement pourraient durer des mois.

Les effets des grèves passées

Plus tôt cette année, le syndicat finlandais des travailleurs du papier, Paperiliitto, ainsi que le syndicat industriel Teollisuusliitto, ont participé à un mouvement de débrayage politique, le tout dirigé par l’organisation SAK.

Ces conflits ont mis en évidence l’interconnexion entre l’économie finlandaise et l’impact des conflits ouvriers sur diverses industries. Juste dans le secteur des pâtes et papiers, la Finlande se classait en 2023 dans le top 10 des pays exportateurs avec 7% des exportations.

Les présentes et futures grèves dans le secteur des produits forestiers et des pâtes et papiers posent un énorme défi pour la stabilité des entreprises, et par le fait même celle de l’économie du pays. Des répercussions qui soulèvent les questionnements suivants :

  • Quels grades de produits seront les plus impactés
  • Quelles proportions prendront les pertes de capacité de production
  • Quelles implications pour les partenaires d’échanges
  • Quelles stratégies peuvent être implantées pour atténuer l’étendue des pertes additionnelles

Jaclin Ouellet
Rédacteur,
Le Maître Papetier