Pour calmer les incendies de forêt, ça prend des solutions en matière de gestion responsable des forêts

FSC
Typographie
  • Smaller Small Medium Big Bigger
  • Default Helvetica Segoe Georgia Times

Dès la deuxième semaine de l’été, le Canada avait déjà connu la pire saison d’incendies de forêt de son histoire.

Des incendies brûlant simultanément dans de nombreuses provinces ont rayé près de 9 millions d’hectares de forêts de la carte, forcé plus de 155 000 personnes à évacuer leur domicile et répandu des fumées dangereuses sur des dizaines de milliers de kilomètres.

Bien que les incendies de forêt soient une perturbation naturelle et se produisent annuellement au Canada, l’année 2023 a été marquée par une escalade spectaculaire sur les plans de l’intensité, de la fréquence et de la superficie. La situation a fait la une de journaux internationaux et a suscité des réactions partout dans le monde – à juste titre, car ce qui se passe cette année est un véritable signal de fumée dont il est impossible de faire fi.

Nous en sommes à un moment décisif pour nos forêts qui, lorsqu’elles sont saines et résilientes, protègent une biodiversité essentielle, régulent les températures et éliminent du carbone de l’atmosphère. Cependant, nous sommes aujourd’hui témoins d’une augmentation du nombre d’incendies de forêt, qui s’explique par des conditions climatiques plus chaudes et plus sèches et par une gestion inadéquate des forêts.

Perte d’habitat, aggravation du changement climatique, risques pour la santé : l’impact des incendies de forêt sans précédent est généralisé. Il s’agit aussi d’un fardeau économique, car les entreprises et les gouvernements sont de moins en moins enclins à s’approvisionner en bois dans les pays qui n’en font pas assez pour mettre fin à la dégradation des forêts.

Par exemple, la Commission européenne vient d’introduire le Règlement européen contre la déforestation et la dégradation des forêts (RDUE), qui vise à minimiser la déforestation et la dégradation des forêts dont l’UE est responsable en encourageant la consommation de produits « zéro déforestation ». Si le Canada ne prend pas de mesures pour répondre à ces exigences, cela pourrait avoir de graves conséquences pour notre industrie forestière.

Pour tellement de raisons, c’est l’évidence même que nous devons commencer à voir les arbres qui cachent la forêt. 

La feuille de route pour préserver nos forêts est complexe et peut sans aucun doute sembler insurmontable. Toutefois, nous savons que l’intendance forestière, qui comprend des efforts judicieux en matière de protection, de conservation et de restauration ainsi qu’une gestion responsable des produits et services forestiers, peut y contribuer.

En effet, des exigences rigoureuses, comme celles énoncées dans la norme nationale d’aménagement forestier du Forest Stewardship Council (FSC) Canada, sont d’importantes méthodes pratiques qui nous permettent de provoquer des changements. Cette norme vise à protéger les fonctions vitales des forêts et à les préserver de la déforestation et de la dégradation, tout en intégrant de solides protections sociales pour les travailleurs ainsi que les populations autochtones. La collaboration avec ces dernières permet d’intégrer leurs connaissances traditionnelles de ces terres, y compris le recours à des brûlages dirigés. Ce sont ces connaissances qui contribuent à créer des écosystèmes capables de résister aux incendies de forêt. 

Par ailleurs, le secteur forestier emploie 184 000 travailleurs dans 2 400 communautés. Ces travailleurs font fonctionner une industrie de 25,2 milliards de dollars. En suivant les meilleures pratiques modernes, ces entreprises jouent un rôle important dans la promotion de la santé et de la résilience des forêts à long terme. Aussi, c’est bon pour les affaires : en mettant en place des pratiques réellement durables et en accédant à un vaste réseau de fournisseurs certifiés FSC, les entreprises peuvent gagner la confiance de clients qui sont de plus en plus nombreux à rechercher des produits respectueux de l’environnement.

Ça prend un effort collectif pour faire une différence. Nous devons travailler ensemble pour relever la barre en matière de gestion des forêts et l’atteindre afin de cultiver des forêts plus résilientes. Pourtant, malgré une prise de conscience croissante des effets cumulatifs du changement climatique et des activités humaines sur les forêts, les politiques gouvernementales en place sont insuffisantes. Si les lois forestières du Canada ont toujours été considérées parmi les meilleures au monde, il y a lieu aujourd’hui de les adapter à l’évolution de la crise environnementale.

Le FSC a passé des années à élaborer des normes fondées sur des principes qui peuvent être adaptés localement et donc utilisés partout. Le problème est que, jusqu’à présent, les forêts qui atteignent nos seuils de certification ont été considérées comme « utiles ». Pourtant, pour réussir à faire face à la crise climatique et à la menace d’incendies de forêt à grande échelle, ces mesures supplémentaires de protection de nos forêts doivent être considérées comme des solutions « incontournables » et être utilisées pour tracer la voie à suivre.

Le Canada détient la troisième plus grande superficie forestière au monde. Il est de notre responsabilité, désormais exposée au grand jour, de mieux protéger cette ressource vitale ainsi que les espèces et les populations qui en dépendent.

François Dufresne
Président du Forest Stewardship Council (FSC) Canada

fsc 20juillet23 2


Source : FSC Canada